A l’abordage !

Ne pas respecter l’accord de principe concernant la reprise de nos chantiers navals par Fincantieri, signifie que le gouvernement précédent était peu soucieux des intérêts stratégiques de la France. On lui connaissait toutes les faiblesses, mais pas en ce qui concerne ce contrat réputé, européen, équilibré et garant de la protection de nos emplois et de notre savoir-faire. Que notre nouveau porte-drapeau de l’Europe mette en doute la sincérité de notre troisième partenaire, un pays ami, intimement lié par des siècles d’histoire, n’est pas de nature à restaurer notre crédibilité et notre attractivité. La prise de contrôle à 67% des chantiers de Saint-Nazaire par les sud-coréens en 2008 , après les norvégiens, n’avait pas soulevé autant de polémiques, et notre savoir-faire ne nous a pas échappé.

Nous sommes amenés à nous interroger sur le caractère libéral de notre président, qui après avoir fait monté l’Etat au capital de Renault-Nissan sans raison claire, monte à l’abordage de la construction navale, de façon particulièrement inamicale et blessante – Mille sabords, notre président n’a pas été élevé au biberon de la diplomatie. Il est difficile par ailleurs d’identifier sérieusement sa stratégie industrielle, sauf si le fait de ne pas en avoir en est une ; ce qui est certain, c’est que nationaliser une entreprise qui se doit d’être compétitive,  pour résister dans un contexte où la concurrence mondiale est vive, est la solution la plus rapide pour l’amener à sa perte ; AREVA en est un exemple à 7 milliards d’euros.

Certains imaginent qu’une telle initiative, que de nombreux français cautionnent, n’a d’autre objectif que de restaurer une image qui s’est dégradée. Cette hypothèse, qui consisterait à privilégier les intérêts personnels au détriment de ceux de la nation, ne peut que nous conforter dans l’idée que gouverner au gré des sondages et du tapage de rues dans une perspective à 5 ans, n’est pas la solution idoine pour assurer la stabilité dont notre pays a besoin pour retrouver son éclat d’antan.

Et pour conclure, cessons de qualifier de colbertisme ce qui n’est pas dans la doctrine du ministre louis-quatorzien. Colbert s’est investi pour raviver l’économie, sans instaurer l’étatisme ni le socialisme d’état.

Philippe Nourrisson