Alliance royale au salon Terres en Fête (62)

AFFICHE TERRES EN FETEAgriculture : la vraie réforme est en marche
On sait dans quels soucis sont englués nos agriculteurs, entre la morosité économique, les spéculations sur les denrées agricoles, les révisions baissières des salaires, la diminution des aides publiques, le désordre causé par les quotas et surtout, plus grave, le recul du nombre d’agriculteurs.
Il s’agit d’un enjeu stratégique pour la France : pourra-t-elle continuer à se nourrir elle-même ? Son territoire sera-t-il entretenu par ses peuples ruraux ? Sera-t-elle autonome en matière d’alimentation ? Il s’agit de rien moins que notre survie.
Le mal n’est pas que français. Il touche le monde occidental, et de plusieurs points affluent des réponses.
Aux Etats-Unis, le département de biologie et système de production agricole de l’Université de l’Arkansas, en partenariat avec des groupes agro-alimentaires comme Kellogg’s ou Coca-Cola, et des distributeurs comme Walmart, mais aussi en lien avec des producteurs, imagine l’agriculture durable américaine de demain. Ce département universitaire axe sa recherche sur une agriculture biologique, durable et rentable, où l’exploitant serait plus proche du consommateur. 300 agriculteurs américains participent à ce projet. Un premier succès a été la réduction de l’érosion des sols dans les domaines volontaires, ainsi que l’utilisation de cultures de couverture pour les saisons de jachère. L’enjeu de ce programme est aussi d’attirer vers le travail de la terre de nouvelles générations. Une initiative à suivre, qui pourrait faire entrer en coopération partisans d’une agriculture paysanne proche des consomamteurs et respectueuse de l’environnement, avec les réseaux de la grande distribution.
En France, des intiatives ouvrent une voie similaire. Nous connaissons l’essor des AMAP. Mais celles-ci demeurent marginales. Plus intéressante est la proposition de loi de la députée écologiste Brigitte Allain, déposée en janvier et disposant que 40 % au moins des aliments dans les cantines de collectivités publiques devront être issus d’une production locale. Voilà qui devrait soutenir et rentabiliser l’agriculture maraîchère ou l’élevage dans nos régions. Pour l’heure, aucun obstacle ne semble arrêter cette proposition qui suit chemin dans les deux assemblées.
Au même moment, la commission européenne a répondu positivement à notre demande de pouvoir imposer l’étiquetage de l’origine géographique de la viande dans les produits transformés ; pratique ignorée de 54 % des produits aujourd’hui.
Les députés européens, eux, annoncent leur opposition aux traitements antibiotiques collectifs et préventifs sur les élevages, opposition approuvée par les députés français, tandis que l’INRA travaille au développement d’algues inhibant les agents pathogènes, stimulant les réponses immunitaires, et pouvant être naturellement données aux bêtes. Comme 9 agriculteurs sur 10 déclarent tenir compte de l’environnement et de la biodiversité dans leurs choix agricoles, ces résultats ne devraient pas les laisser indifférents.
La grande distribution n’est pas en reste. Le groupe Carrefour a annoncé multiplier par deux le nombre de ses magasins entièrement affectés au marché bio, tandis que le nombre de produits bio proposés par l’enseigne augmente fortement chaque année. Les groupes Auchan et Leclerc lui emboîtent le pas.
On le voit, partout les lignes bougent, et encore une fois, tout n’est pas noir, malgré le temps gaspillé par les tergiversations politiciennes des partis, éperdus parce que privés de roi.

G.P