Billet d’humeur…

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Toute société digne de ce nom fonctionne en résonance avec une tonalité horizontale (à laquelle se rattache le monde des « idées ») et une tonalité verticale (le monde des « valeurs »). Sans s’exclure l’une l’autre, les deux dimensions, synchronisées l’une à l’autre, donnent sa place à la personne humaine dans le champ de la société. C’est ce que l’on nomme une société organique.

La Révolution Française et l’idéologie des droits de l’Homme représentent incontestablement une étape importante sur le plan horizontal des idées. Mais sur le plan vertical, il en va tout autrement.
En effet, malgré les efforts consentis depuis deux siècles pour tout à la fois nier la royauté tout en mimant ces rites et ses mythes, la république ne peut parvenir à ses fins qu’à la condition de placer le sacré au-dessus du profane, le plan vertical au-dessus de l’horizontal ; autrement dit, qu’en se niant elle-même.

Je le répète et le souligne : la république ne peut parvenir à manifester ses idées qu’en incarnant les valeurs et donc qu’en se niant elle-même. En effet, la république est PAR DEFINITION « l’absence du roi ». Et l’absence du roi, c’est l’absence du sacré, seul principe pouvant faire contre-pied à la toute-puissance du marché et de la banque.

La restauration des hiérarchies vraies ne peut donc s’incarner dans la figure d’un chef d’Etat située AU-DESSUS de l’horizon des idées politiques, soit par un arbitre – et non un partisan – du débat public. C’est-à-dire un roi. Posons donc tout haut la question que se posent tout bas beaucoup de républicains patentés :

POUR SORTIR DU « SYSTEME », POURQUOI PAS LA ROYAUTE ?

Aujourd’hui 21 janvier 2015 est un jour anniversaire pour la France. Un autre 21 janvier, celui de l’an 1793, on coupa la tête du roi après plusieurs mois de captivité effroyable. A ce moment très précis, parait-il, un silence s’empara de la foule ; un silence qui provenait du plus profond de l’Histoire. Même les exécutants de ce crime en furent un instant captivés. Le testament du malheureux Louis XVI écrit quelques temps plus tôt résonne tout entier de ce ton si christique et qui fait si bien écho à la dernière parole de Jésus sur la croix : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ».

Les dynasties financières d’un côté, les idéologues anti-organiques de l’autre, savaient, eux, très exactement ce qu’ils faisaient : faire exploser systématiquement tous les verrous de la société organique, celle permettant le maintien des cellules protectrices naturelles de la société, des corporations de métiers, de la société d’ordre, afin de mettre en place un système devant lequel l’individu se retrouverait un jour seul et désarmé face au marché tout-puissant.

La décapitation de roi fut une étape essentielle dans ce processus libéral.

En me rendant aujourd’hui 21 janvier 2015 à la messe donnée à la mémoire de Louis XVI, j’ai prié pour lui ; pour son épouse, mariée à 14 ans pour préserver la paix en Europe ; pour ses enfants traités comme de vulgaires malfrats par des geôliers sans foi ni loi ; j’ai pensé à ses dernières heures, à son testament, le plus beau qui soit, à ces mots adressés au roi qui un jour prochain redeviendra : « Ne suscitant point de respect, le roi est plus nuisible qu’utile ».

En effet, le roi Louis savait que pour être « utile » la personne du roi incarne un principe vertical qui donne sens à la dimension horizontale de la société et du cosmos . L « Axis mundis » sans lequel la société organique se transforme vite en société mécanique prisonnière des rouages de l’économie et de la technique.
Sans l’incarnation en l’homme de ce principe cosmique qui relie la terre nourricière au cosmos, la vie horizontale – celle de tous les jours – n’a pas de sens. Le roi n’est, certes, qu’un homme, mais un homme particulier qui incarne ce lien cosmique et paternel. Le comte de Chambord avait pour devise : « ma personne n’est rien, mon principe est tout ».

La personne du roi est donc par nature, AU-DESSUS des réseaux de pouvoir, des manœuvres politiciennes, des petites magouilles privées, lesquelles, accumulées les unes après les autres, nous éloignent chaque jour davantage de l’idéal démocratique. Bref, le roi incarne un principe situé au-dessus de la politique même et du marché.
Et c’est là l’essentiel.

A l’heure où aucune solution ne semble pouvoir régler les problèmes de la France et de l’Europe occidentale, enfermées dans cette « banlieue d’elle-même », il est plus que temps de sortir du système lui-même. Sortir du système, est-ce synonyme de sortir de « la république ». La question mérite en tout cas d’être posée.

Elle mérite d’être posée pour une raison qui résonne sur le plan même du langage public, toujours révélateur : lorsque le premier ministre appelle à « sauver la république », il ne prend plus la précaution rhétorique de préciser de quelle république il s’agit ! De fait, il fallait se rendre à l’abbaye sanctuaire des rois de France, à Saint-Denis, marcher dans les rues adjacentes de la Basilique pour constater combien Valls a raison : la république est de moins en moins « française » ; elle est aujourd’hui algérienne, camerounaise, turque, mais plus française. Pour faire court, appelons en effet avec Emmanuel Valls ce système de substitution des peuples, « la république ». A la difference près que nous, nous ne cherchons pas à « sauver » la république mais au contraire à nous en délivrer.

Après la messe et la visite dans la crypte royale, je suis allé manger un Kebab ; j’étais assis entre deux arabes, au demeurant fort sympathiques. En tout cas, beaucoup plus avenants que les fidèles dont je venais de quitter la compagnie et qui n’ont pas daigné adresser la parole à un élément étranger à leur communauté naphétalinée. A la place du peuple organique, un agrégat d’individus racialement et culturellement indifférentié ; à la place d’une structure organisée, une version médiatiquement compatible des droits de l’homme.

Pour combattre cette idéologie pernicieuse et corrosive, on doit sortir du système lui-même et ne pas essayer de solutionner nos problèmes à l’intérieur de celui-ci et avoir le courage de dire que la cause-racine des problèmes qui se pose à la France n’est en effet ni l’immigration massive, ni l’islam, ni l’islamisme, ni le terrorisme islamique qui en découle mécaniquement, mais la lâcheté et l’esprit de renoncement des politiciens de droite et de gauche, lesquels, millimètres après millimètres, ont laissé l’économique prendre le pas sur la politique, la finance sur l’économique et enfin la spéculation boursière sur la finance.

Se faisant, nous comprendrons sans peine que pour sortir du système, le « jesuischarlisme » ne suffit pas. Scander « jesuischarlie » ou « jesuisLouisXVI » comme des moutons dans les champs, fussent-ils Elyséens, en plus d’exacerber deux visions du monde radicalement antagonistes, a pour effet de nous obliger à choisir un camp. Et nous ne sommes pas sûrs du tout de choisir le premier des deux.

F.A