Un bref retour en arrière…

Ces dernières semaines ont été marquées par le départ du général Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées, en raison des restrictions budgétaires annoncées par le premier ministre Édouard Philippe ; elles se montent à 850 millions d’euros d’économies imposées à la défense en 2017. Le Président Macron a profité de son passage à la base aérienne d’Istres pour nous expliquer que le budget des armées ne fait pas exception aux restrictions exigées de la part des différents ministères et que les mesures prises permettront d’engager une véritable réflexion stratégique sur le long terme.

Cette crise peut être analysée sous différents angles. De nombreuses réactions viennent corroborer cette affirmation. Cependant je me suis posé la question suivante : quel éclairage pouvons-nous apporter dans le cadre de cette affaire ?

 

Pouvoir personnel

Le premier constat est que le Président de la République exerce un pouvoir personnel au détriment du bien commun. Ceci est vrai pour l’actuel chef de l’État mais il l’est également pour tous les candidats à la fonction suprême. Ce pouvoir personnel est tributaire de la personnalité du chef de l’État, de l’environnement politique immédiat, des soutiens et de relais dont il dispose, etc. On mesure le danger que représente ce pouvoir personnel car être chef implique de prendre de la hauteur et de la distance face aux contingences du moment. La réaction d’autoritarisme de Monsieur Macron montre clairement les limites de la République. Les prochaines échéances électorales obligent également l’actuel chef de l’État à prendre des mesures à contretemps pour satisfaire l’opinion publique et pour asseoir son autorité, le temps étant compté.

Or le Roi, parce qu’il est délié du jeu politique et parce que la notion de temps n’est plus une contrainte, est « capable par l’Institution royale dont il est le successeur, d’accomplir sa mission régalienne pour le bien commun de notre pays ». Il dispose du temps et du recul nécessaire pour assurer la continuité de la nation. Celle-ci devient naturellement une préoccupation première, surtout dans un environnement géopolitique très instable. L’histoire de France nous permet d’illustrer cette vérité première.

 

Chef des armées

Profitons de cette crise institutionnelle pour rappeler que le Roi est le chef des armées. C’est lui qui décide de l’engagement de nos troupes sur les théâtres d’opérations. Il le fait seul ou dans le cadre d’alliances. Il est possible d’imaginer que le Roi, pour défendre notre sol face au terrorisme, noue des alliances temporaires soit avec les Russes, soit avec les Américains pour engager des actions militaires au Moyen-Orient. De plus il protège l’armée contre les empiétements d’ordre politique et surtout contre les décisions de nature économique et financière pouvant limiter nos capacités d’intervention.

Il est le chef des armées, mais il n’agit pas seul pour autant.

 

Le Ministère d’État

Le Ministère d’État s’impose comme l’institution permettant à la fonction régalienne de cohabiter avec la représentation publique incarnée dans le gouvernement.

« Le Ministère d’État planifie et conduit la politique stratégique de la France ». La politique stratégique, pour reprendre la définition donnée dans la plaquette « Royalisme aujourd’hui », c’est l’ensemble des actions intéressant la souveraineté et la sécurité nationale. Le Ministère d’État agit dans le cadre de la politique du gouvernement. Le Ministre d’État, parce qu’il engage l’avenir du pays, est nommé par le Roi.

Le chef d’état-major des armées serait rattaché au Ministère d’État. Le Ministère d’État n’aurait jamais laissé un gouvernement mettre en danger la souveraineté de la nation et la paix civile du fait des restrictions de budget qui, comme nous le savons, touchent très inégalement les ministères. Le Ministère d’État se serait dégagé des décisions du gouvernement et de celui de la représentation publique. Les intérêts du pays obligent à dépasser les raisonnements économiques et les raisonnements de basse politique.

La réflexion stratégique évoquée par M. Macron n’est qu’un leurre. En effet, cette réflexion stratégique est complètement déconnectée des intérêts de notre pays. Cette réflexion stratégique est parasitée par les pouvoirs plus ou moins occultes qui influencent le pouvoir personnel de notre actuel chef de l’État. Il ne fait aucun doute que dans ce domaine il ne dispose d’aucune liberté de manœuvre.

Philippe Lassalle