« Drones » d’idées

Multiplication des radars fixes, prolifération de véhicules banalisés pour sillonner nos routes sans relâche, suppression des signalements de contrôle de vitesse, interdiction des systèmes avertisseurs, mise à profit des caméras de vidéo-protection, nos pouvoirs publics ne lésinent sur aucun moyen pour nous protéger malgré nous.

La sécurité n’a pas de prix ! Oui quand même, car traiter chaque année 25 millions de contraventions, pour recouvrer près de deux milliards d’euros, représente un énorme travail. Heureusement, le génie créatif de nos anges gardiens ne semble pas avoir atteint ses limites. Leur dernière idée est de nous surveiller dans l’ombre et le plus discrètement possible dans l’intimité de notre véhicule, avec des drones « apprivoisés » pour vérifier si conducteurs et passagers ne présentent pas des comportements à risques. Que penser de la violation de la vie privée, lorsque notre sécurité en dépend ; et c’est sans compter non plus qu’il y aura beaucoup plus de PV et de recouvrements. Il ne manquera plus que les satellites et les sous-marins dans les voies fluviales longées par des routes, pour compléter l’arsenal.

Cette politique de surveillance et de protection ne conduit toutefois pas aux effets escomptés, si l’on se réfère à l’évolution des indicateurs de sécurité. Mais il ne faudrait pas que nos protecteurs se découragent et se remettent en cause. Comme le disait un célèbre humoriste, une erreur peut devenir exacte selon que celui qui la commet se trompe ou non. Et puis, finalement à bien y regarder, doubler le nombre de contraventions, c’est quatre milliards de recettes qui pourraient être affectées à l’entretien du réseau ou à la suppression des points noirs.

La sécurité est avant tout l’affaire de tous – chacun est responsable de la sienne – et ce n’est surtout pas une histoire d’argent !

Philippe Nourrisson