ELECTRICITE : HAUTE TRAHISON

Editorial du 18/5/2021

L’énergie est indispensable pour cheminer dans la vie, seul ou ensemble. Nous la puisons dans notre cœur, dans la volonté intellectuelle, dans la foi et dans l’enveloppe charnelle qui relie le corps et l’esprit. L’énergie est une nourriture pour vivre, pour créer et produire des richesses.

L’homme utilise aussi plusieurs formes d’apports énergétiques extérieurs, en particulier pour l’industrie, les déplacements, le chauffage, ou la production de froid, et tant de choses encore… Elle est le moteur irremplaçable de l’évolution matérielle de l’humanité, du développement, des interactions humaines, de toutes les recherches, de l’amélioration de la vie quotidienne ; elle s’est rendue indispensable à notre bien-être. Elle est donc un enjeu vital pour toute société.

Aujourd’hui, l’Allemagne a fait le choix de la sortie du nucléaire et s’est concentrée sur les énergies « intermittentes » et renouvelables. Lorsqu’il n’y a pas de vent, ces énergies sont absentes ; cette politique (irresponsable ?) l’a obligé à relancer les centrales au charbon et au lignite (la pire des énergies fossiles). Elle s’est aussi rendue dépendante du gaz étranger. Comme l’électricité ne se stocke pas, il faut encore équilibrer le réseau en permanence, lorsque le vent vient à manquer de souffle. Du fait du remplacement du parc automobile à moteur thermique par les véhicules électriques, nous pouvons considérer légitimement que les voitures « écologiques » roulent au charbon ou au lignite outre-Rhin…

Telle l’araignée, l’ancien empire Prussien tisse sa toile pour trouver une solution à sa dépendance énergétique. Un levier formidable s’offre à lui pour bénéficier d’une électricité à bas coût : en utilisant (à son avantage) le prix fixé par la législation européenne, il prétend utiliser notre production, ce qui nous affaiblirait davantage.

La République française, depuis un demi-siècle, a cru que l’interdépendance des Etats européens renforcerait nos liens et favoriserait l’émergence d’une Europe d’autant plus forte qu’elle serait solidaire, avec comme mot d’ordre « l’union fait la force » (devise de la Belgique). La réalité est toute autre. Nos dettes se payent immédiatement en perte de souveraineté ! Nous sommes soumis à notre créancier, la Banque Centrale Européenne, qui n’est autre que le bras armé de nos voisins germains.

N’ayant pas maîtrisé notre budget, nous sommes devenus tributaires de l’Europe, qui nous met sous perfusion à condition que nous nous humilions dans la dépendance et la soumission. Ce déséquilibre a détruit ce qu’a pu être le couple franco-allemand (ce qui reste une vue française, mais pas du tout allemande). Les médias et nos gouvernants, par la propagande, semblent nier la réalité de sa disparition. Croient-ils encore à notre crédulité ?

La fermeture d’une centrale nucléaire dans l’Est de la France nous a rendus importateurs, nous qui étions exportateurs d’électricité.

Or, importer de l’électricité d’Allemagne est un non-sens, eux qui sont parmi les plus grands pollueurs de la planète. L’exploitation du lignite pour générer de l’électricité est très polluante : l’extraction rend instable les terrains des exploitations minières ; les matériaux toxiques utilisés contaminent les sols ; les déchets et les métaux lourds polluent les eaux ; la gazéification et la combustion émettent du gaz carbonique ainsi que des poussières, des oxydes d’azote et du souffre. Cette pollution atmosphérique ne s’arrête pas à la frontière !

Pour l’instant, il est difficile pour l’Europe de démanteler le monopole d’EDF sur le nucléaire français. Si les autres usines de production d’électricité peuvent être soumises à la concurrence et être vendues, les centrales nucléaires, en revanche, peuvent plus difficilement être prises en charge par des entreprises privée en raison du risque. Comme l’Europe, inféodée à l’Allemagne, ne peut privatiser notre production, elle privatise la distribution ; et en imposant hors de toute règle libérale, commerciale et concurrentielle un tarif fixe et sous-évalué, elle affaiblit le nucléaire français. L’intégration du réseau est gérée par Bruxelles qui détermine la livraison de l’énergie aussi bien en France qu’à l’étranger. Nous n’avons plus de souveraineté sur notre propre production. Sortons du carcan européen !

En étant complices de toutes ces manœuvres, depuis plus de vingt ans, nos dirigeants successifs se rendent coupables de haute trahison.

Olivier Leconte, Délégué général