États généraux de l’alimentation

Dix à quinze heures de travail par jour pour moins de 350 euros par mois, c’est une réalité pour un agriculteur sur deux, et le devenir pour les autres car la situation ne cesse de se dégrader.

Tous les acteurs, producteurs, industriels, distributeurs et consommateurs, en sont conscients et engagent l’État à prendre des initiatives, car il s’agit aussi au final d’un problème d’autonomie alimentaire.

Sans préjuger des résultats, louons l’initiative des états généraux de l’alimentation qui devraient apporter une réponse globale et cohérente à la problématique. Même si, malgré sa toute-puissance, l’État s’est montré incapable d’enrayer le déclin industriel, nous sommes en droit d’attendre qu’il crée les conditions pour empêcher celui de l’agriculture.

Nationalisation rampante de l’agriculture, production biologique, circuits de distribution, prix plus bas que moins cher, malnutrition, les thèmes seront nombreux à faire débat. Plus de 500 participants, sur une dizaine d’ateliers, se partageront la lourde charge d’analyser la chaîne alimentaire, entre le socle de la charrue et l’estomac du consommateur. Et le cadre est tracé ; il ne s’agit pas de pointer du doigt ceux à qui incombe la responsabilité, car nous sommes tous responsables. Le vrai constat est qu’à la source, le producteur de base, c’est-à-dire le paysan, ne vit plus de son travail et qu’au final, le consommateur ne s’alimente plus avec des produits de qualité optimale.

Le risque de ces grand-messes est de conclure sur des « états généreux », mais totalement dépourvus de contenu.

Le consommateur final, toujours aussi exigeant en terme de qualité et de prix, doit être mieux éduqué, privilégier le nationalisme alimentaire dans une juste mesure et admettre que le fameux ratio qualité/prix à ses limites. On ne peut pas faire pousser les sapins jusqu’au ciel. Il appartiendra aux industriels et aux distributeurs de s’adapter, dans des relations plus contractualisées par souci de limiter les pressions excessives sur les producteurs.

Mais le véritable enjeu est de donner à nos agriculteurs les moyens de vivre de leur métier, sans subvention, comme tout entrepreneur qui opère dans un environnement de libre concurrence.

Sinon, la France sans ses paysans ne sera jamais plus la France.

Philippe Nourrisson