Quand la France basculera

Reims

ReimsIl n’est pas rare que l’on nous demande ce que fera l’Alliance Royale lorsqu’elle arrivera au pouvoir. Il est vrai que beaucoup de nos contemporains, habitués aux campagnes républicaines, exigent une solution à leurs problèmes, des projets politiques bien ficelés et un dénouement heureux. Mais l’interrogation n’est pourtant pas dénuée de sens et nous allons tenter d’apporter quelque éclairage.

Aujourd’hui, l’objectif de notre mouvement est clair : remettre la question royale dans le débat public, dépolluer des esprits et préparer l’opinion à une réinstallation monarchique. Pour cela, nul ne l’ignore, nous participons aux élections pour toucher le plus de monde possible, les campagnes étant propices à cela ; nous agissons pour constituer une force politique avec des élus royalistes et une audience obtenue progressivement par les médias ; nous proposons aussi une vision politique sérieuse, avec une réforme profonde des instituions politiques et un vrai projet de société.

L’Alliance Royale prend acte du fait que l’idée royale souffre aujourd’hui non pas tant du nombre de royalistes, somme toute important, que du manque de crédibilité du royalisme, y compris parmi les royalistes eux-mêmes, ce qui est un comble. Nous voulons donc changer cela.  Oui mais après ? Après, il ne s’agira plus seulement de « remettre dans le débat public la question de l’héritage monarchique », comme le disent les statuts actuels, mais de faire basculer la France vers la monarchie.

Rien de moins ! Cette période-là sera une période de rupture institutionnelle, une sorte de grand soir à la mode royaliste. Quand la France basculera, les royalistes devront convaincre le peuple de France de rompre avec la République, ils devront provoquer une rupture institutionnelle et proposer au prince un projet politique et social qui tienne la route. Mais il appartiendra au prince de saisir le pouvoir, et à nul autre. Quel prince, me direz-vous ?  Vous avez raison de vous poser cette question. Mais comme le disait Yves-Marie Adeline à la télévision lors des présidentielles de 2007 : « je rêve de la nuit où je me réveillerai en nage en me demandant qui nous allons amener à Reims demain ! ».

Aujourd’hui, aucun prince ne s’est déclaré. Soit. L’Alliance Royale ne va pas le faire à leur place. Et d’ailleurs, si un prince sortait du bois maintenant, dans le jeu politique actuel, ce serait une erreur pour lui de le faire à travers une formation politique. Sinon, autant garder un Président de la République !  Mais nous sommes confiants : qu’il soit d’Anjou ou d’Orléans, ou d’autres extractions encore, un Capétien relèvera le défi, le moment venu. Et l’Alliance Royale se rangera derrière sa bannière et disparaitra en tant que parti. Bien sûr, le prince n’y parviendra pas s’il est isolé. Il aura besoin d’une force politique royaliste déjà organisée et d’une préparation des esprits qui aura commencé bien avant, et c’est ce que fait l’Alliance Royale. Mais  il y aura nécessairement une rencontre entre un homme et son peuple, et cela, c’est l’affaire de l’homme seul.
Ainsi,  si les conditions ont été préparée et si un prince s’est déclaré, la France basculera.

Comment cela arrivera-t-il ? Cher lecteur, nous n’avons pas de boule de cristal, et les scénarios sont multiples, mais on peut tout de même faire preuve d’imagination.

1°Premier scénario, c’est le processus électif. Il se passe dans le contexte politique actuel, celui du régime des partis que nous connaissons bien. Dans ce scénario, les royalistes sont devenus majoritaires au Parlement et ont fait élire un Président de la République qui se déclare « régent ». Le Parlement réforme alors la Constitution, ce qui est prévu par les textes, en y introduisant le principe royal. Le Président assume alors le pouvoir jusqu’à l’intronisation du roi. C’est assez séduisant mais ce n’est pas si simple. D’une part, il est clair que, si une constitution est nécessaire pour organiser le pouvoir, elle doit être « octroyée » par le roi, et non l’inverse ; c’est ce toute la différence entre une monarchie « institutionnelle », dotée d’une constitution qui organise le pouvoir, et une monarchie « constitutionnelle » où la couronne est dévolue au roi par la constitution, c’est qui est inacceptable. Or dans ce scénario électif, la constitution devra déclare le roi « souverain malgré elle », ce qui n’est pas évident. D’autre part, et surtout, il faudra simultanément la majorité aux deux chambres et un Président élu royaliste, avec un mandat impératif de ses électeurs de réinstaller la monarchie : dans l’état actuel de la politique, tant que l’oligarchie républicaine est en place, ce ne sera pas facile. Ce scénario est néanmoins intéressant car il constitue une feuille de route acceptable dans la situation politique existante, un fil rouge et une justification de la présence de royalistes aux élections législatives et présidentielles.
2°Le second scénario, c’est celui du « coup d’Etat ». Il n’est pas crédible. Imaginez-vous  des royalistes s’infiltrer dans les arcanes du pouvoir pour le saisir de l’intérieur, tenir les rouages de l’administration et s’emparer par la force de l’Elysée ou de la chambre des députés ? Ce n’est pas dans leur genre. Déjà, le 6 février 34, ils n’ont pas osé le faire, alors aujourd’hui ! Et puis, un coup d’état suppose la volonté non seulement de prendre le pouvoir mais de s’y maintenir par la force, comme Bonaparte au 18 Brumaire. On raconte que le général Franco aurait dit au général Salan, après l’échec du putsch d’Alger : « vous n’avez pas assez fusillé ». Et de fait, les royalistes n’ont pas l’âme de révolutionnaires. Le royalisme ne s’imposera que parce qu’il apparaitra comme un recours accepté et attendu par le plus grand nombre.
3°Le troisième scénario est sans doute plus crédible. C’est la faillite du régime. Incapable de gouverner, plombé par ses dissensions et ses scandales, ayant perdu la confiance de la majorité des Français, engagé dans une fuite en avant qui soudain touche à sa fin, le régime se saborde, comme en 1940 lorsque la chambre accorde avec une écrasante majorité les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain, ou se déclare en faillite et se donne ainsi au plus offrant. Qui prendra alors le pouvoir ? Un homme « déjà saisi par l’histoire », selon la belle expression d’Yves-Marie Adeline ? Il n’y en a guère de disponible, l’histoire de France ayant été, ces dernières décennies, plutôt…plate. Un parti populiste autoritaire ? Une révolution d’extrême gauche ? Un comité exécutif parachuté par l’Europe ? Impossible à dire. Mais quel que soit l’heureux gagnant, après une transition autoritaire, la mauvaise nature oligarchique et technocratique de la République reprendra ses droits, ou le pays sombrera dans la dictature. Nous serons bien avancés. Alors que si les royalistes sont devenus une force politique, s’ils sont entendus, crédibles, et si un prince capétien se déclare, alors beaucoup rejoindront. Il leur faudra immédiatement mettre en place des institutions qui à la fois préservent l’indépendance du souverain et redonnent aux Français leurs libertés politiques. C’est ce que propose la plateforme politique de l’Alliance Royale. Et si aucun prince ne se montre, alors nous irons en chercher un, et nous le trouverons, tel le peuple d’Hippone s’emparant de Saint Augustin pour le faire évêque !
4° Enfin, le quatrième scénario est celui du chaos. Le pays  entre dans une période de troubles insurrectionnels : plus rien ne fonctionne. Ce n’est pas une élucubration, de nombreux pays ont connu cela : la Yougoslavie, le Liban, la Syrie. La France n’est pas forcément à l’abri, d’autant que le phénomène pourrait très bien se généraliser à la faveur d’un effondrement économique. Là aussi, il faudra que les royalistes soient une force politique suffisamment crédible et qu’un prince capétien se déclare, et beaucoup rallieront. Il faudra alors remettre en place des structures politiques, militaires et administratives, localement d’abord, et les relier entre elles. Cela suppose que les royalistes soient déjà organisés localement. Il faudra que le souverain affirme à l’intérieur comme à l’extérieur la légitimité de son pouvoir, et petit à petit ramener l’ordre et la confiance sans ingérence étrangère. Le scénario insurrectionnel est crédible, et la figure du Roi, si les royalistes ont préparé les esprits, peut s’imposer comme l’ultime recours au chaos.
Il y a peut-être d’autres scénarios que nous laissons à l’imagination de nos lecteurs, ou un mélange de tout cela, voire une situation absolument inédite dans l’histoire, donc inimaginable, dans laquelle la Providence aura son mot à dire. Que ressort-il de tout cela ?

Aujourd’hui, l’Alliance Royale s’est fixée, en tant qu’association politique, des objectifs à sa portée, dans le cadre d’une situation politique existante. Mais ce n’est pas une fin en soi : si l’on ne vise pas un changement de régime, alors tout cela est vain.
Dans le champ politique actuel, aucune des forces d’opposition en France sauf l’Action française ne remettent pas en cause la source du régime républicain: elles sont  donc vaines elles aussi. Et même si les conditions de cette « bascule » sont inconnues, mais il faut s’y préparer. Comment ? En rompant le « sortilège républicain » en rendant le royalisme visible et crédible, en proposant un vrai projet politique et social. C’est l’action quotidienne de l’Alliance Royale, dont l’audience, nécessairement, augmentera à mesure que la fin de la République se fera sentir.