IN MEMORIAM

Louis-XVIILouis-Charles est né le 27 mars 1785 à Versailles. À la mort de tuberculose osseuse de son frère aîné Louis-Joseph, le 4 juin 1789, il devient dauphin, héritier du trône de France. Après la journée du 10 août 1792, qui marque le début de la première terreur dont les massacres du 2 au 7 septembre feront 1500 morts à Paris et de nombreux autres à Versailles, Orléans, Meaux et Reims, l’enfant et sa famille sont enfermés au couvent des Feuillants puis le 13 août à la prison du Temple. Les républicains viennent de mettre le petit prince, un enfant de sept ans, en prison.

Le 29 septembre le Roi est enlevé à sa famille. Le 25 octobre l’enfant est séparé de sa mère et de sa sœur, mais retrouve son père qui s’attache à poursuivre son éducation. Le 11 décembre, au début du procès du Roi, il est arraché à son père pour retrouver sa mère, sa sœur et sa tante. Le 20 janvier 1793 il est autorisé à revoir son père une dernière fois. Le 21 janvier la république assassine Louis XVI.

L’enfant est orphelin une première fois.

En prison, le petit garçon devient Roi de France. A huit ans, le 3 juillet 1793, la république l’enlève à sa famille et le livre à Antoine Simon et à sa femme, gens frustres et incultes qui vont servir les intérêts de la révolution en échafaudant des accusations d’inceste contre Marie-Antoinette qu’ils feront consigner dans le procès verbal en reconnaissance d’inceste par l’enfant sous l’emprise de l’eau de vie et des menaces de coups. Après un procès qui n’est qu’une suite d’affabulations odieuses, perverses et cruelles, Marie Antoinette est assassinée par les républicains le 16 octobre 1793.

L’enfant est orphelin une seconde fois.

Trois mois plus tard, le 19 janvier 1794, Louis XVII est enfermé au secret dans une pièce étroite et obscure, sans hygiène, sans secours, dans un isolement inhumain et total. La nourriture est servie par un guichet et les personnes qui lui apportent ne lui adressent pas la parole. Il passe la journée accroupit et vit dans ses excréments. La gale le ronge et la tuberculose l’affaiblit chaque jour dans d’horribles souffrances. Son état de santé se détériore rapidement. Le 28 juillet 1794, l’enfant a neuf ans et les républicains décident de le sortir de son calvaire en le confiant à un autre tortionnaire moins virulent qui va s’occuper de lui et de sa sœur. Mais le petit Louis est mutique et psychologiquement détruit. Le 6 mai 1795, la tuberculose se complique d’une péritonite.

Le 8 juin 1795, l’enfant martyr meurt dans d’épouvantables douleurs.

À dix ans, Louis est délivré, par la mort, de la torture infligée par les maîtres de la république. L’enfant, héritier du sang royal, s’éteint par la volonté et les raffinements de cruauté des révolutionnaires. Martyr, lui aussi, dont la mort cruelle et barbare n’est pas commémorée par ce tour de passe-passe inouï de la république d’entretenir, chez les naïfs, l’espoir d’une survivance qui dédouanerait les révolutionnaires de l’assassinat d’un enfant. Car comment faire mémoire d’un événement qui n’aurait peut-être pas eu lieu. Pourtant, le cœur prélevé sur l’enfant du Temple lors de l’autopsie a été scientifiquement et historiquement authentifié tout au début du XXIème siècle. Le 8 juin 2004, un prince de France, âgé de treize ans, descendant de Louis XIV et de Charles X (dernier souverain sacré à Reims), porte solennellement le cœur de Louis XVII dans la nécropole des rois de France, à Saint-Denis, pour le déposer dans sa dernière demeure. Les obsèques furent enfin célébrées après un oubli de plus de 209 ans.

Olivier Leconte