Jean Raspail (1925-2020)

Editorial du 21/6/2020

« Né à l’âge de vingt-trois ans et neuf mois, par un matin glacial de printemps de l’année 1949 », Jean Raspail, descendant de celui qui donna son nom au boulevard parisien, est décédé le 13 juin 2020 à l’âge de quatre-vingt-quinze ans.

Trop jeune pour rejoindre la Résistance, cet aventurier – « marin manqué » comme il se définit lui-même après sa traversée en canoë de Québec à la Nouvelle-Orléans via les Grands Lacs et le Mississippi – parcourt les deux Amériques en automobile, ce qui lui inspire l’écriture de « Terre de feu-Alaska ». Ses études universitaires sont ses voyages, voyages qu’il poursuit dans une œuvre littéraire au succès international et pour laquelle il a reçu diverses distinctions. Dans son roman à succès « Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie », son héros se fait proclamer roi d’Araucanie et de Patagonie, peu surprenant pour ce monarchiste convaincu, président de la Commémoration solennelle lors du Bicentenaire de la mort de Louis XVI.

Catholique traditionaliste, cet « homme libre inféodé à aucun parti » reste très attaché à l’identité et au terroir. Ses fictions s’apparentent-elles à des prophéties comme dans « Le Camp des saints », paru en 1973 ? L’auteur s’y interroge sur le devenir de l’Occident après le débarquement sur nos plages du sud d’un million de migrants fuyant la misère. Au début de ce siècle, il publie une tribune dans laquelle il prédit que, dans cinquante ans, la moitié la plus âgée de la France comptera encore des « souchiens », alors que les plus jeunes seront majoritairement d’origine africaine à « forte dominante islamique, djihadiste ». Poursuivi pour provocation à la haine raciale, il est relaxé par la Justice. Dans le contexte actuel d’intimidation intellectuelle et de censure, la sanction pourrait être autre.

L’écrivain dénonce nos élites morales, intellectuelles, politiques qui ferment les yeux et les oreilles au nom d’un humanisme dévoyé, tels des artisans de notre fin, de la mort d’une « patrie trahie par la République », coupables de « ratés du progrès et de morts pour la croissance » . Le communisme et le libéralisme relèvent de l’idéologie et sont donc vouées à l’échec. Dans le roman « Sire », un jeune roi descendant direct de la dynastie des Bourbons est couronné à Reims. La monarchie catholique est rétablie.

En ce jour, le Roi est mort, « Vive le Roi ».

Philippe Nourrisson