La monarchie sortie de l’ombre

orchestre

Les manuels scolaires, bel exemple de formatage de la bien-pensance républicaine, ont longtemps mis l’accent sur les prétendus échecs de l’Ancien Régime afin de modeler la société selon l’utopie d’un monde idéal, faisant ainsi abstraction des autres monarchies européennes au sein desquelles la transition vers la modernité n’a pas eu besoin de son lot de têtes coupées pour accéder au progrès.
Mais l’idée ô combien réaliste d’une restauration monarchique reste toutefois entachée de l’ombre de l’entre deux-guerres.

La pensée monarchique est un tout, elle appelle une répartition naturelle des membres de la société en fonction des talents et des aptitudes de chacun, à l’instar d’un orchestre philarmonique où l’alto joue de concert avec les timbales, et le violoncelle avec le hautbois, l’ensemble ne connaissant pas de hiérarchie, chacun prenant sa place dans la construction d’une oeuvre commune.
Ce schéma sociétal est logique et n’obéit qu’à l’ordre de la nature qui n’exclut rien, ni personne.
Mais les penseurs monarchiques du début du XXème siècle, en des temps troublés où l’anticléricalisme et l’antisémitisme étaient de mise, ont cru bon, à leur tour, de remodeler la société par le biais de propos, débordements et complicités que l’on sait. S’en sont suivies, après la défaite de l’Allemagne, la légitime condamnation de ces idées et l’inévitable dévaluation de l’idée monarchique dans l’esprit des gens, laquelle demeure extrêmement vivace. Et en effet, la pensée unique républicaine n’avait plus qu’à ajouter ce triste épisode aux “tares” de l’Ancien Régime pour asseoir sa suprématie et endoctriner les masses en classant définitivement les Royalistes dans le camps des extrémistes et réactionnaires.
Ainsi, notre quête d’une restauration du trône de France doit tenir compte de ces faits pour, avant tout, restaurer sa propre image: il n’est pas question de faire du révisionnisme comme c’est souvent la mode, mais d’accepter l’histoire pour affirmer qu’une Monarchie française, moderne et éclairée tout en étant basée sur la tradition, peut être une voie souveraine d’apaisement des clivages, une solution pérenne de la cohabitation, tous les éléments et acteurs de la société y trouvant leur place naturelle, avec leurs différences mais également leur complémentarité.
Restaurer la Monarchie en France doit aller dans le sens de l’histoire, notre premier combat devant être d’accompagner le flot tumultueux des désordres sociaux et politiques en se posant comme une alternative de bon sens, proposant des idées neuves basées sur la tradition, certes, mais aussi sur la projection que nous aurons de l’ avenir de la France. Il serait vain de lutter de front contre les institutions qui nous dénigrent, mais bien plus productif d’inscrire notre pensée comme liée à ce bon sens qui nous est familier puisque nous nous situons de fait au delà des passions destructrices qui animent le monde politique français de manière pitoyable.
Notre second combat, accompagnant le premier, consiste à revoir notre relation à l’histoire, afin d’en dégager une nostalgie “bien comprise”. En effet, le “c’était mieux avant” est un discours classique tout à fait pertinent; mais afin d’échapper, une fois de plus, à la méthode stalinienne de l’amalgame et de la mise en catégories, nous nous devons de penser en modernes, sans soupir ostentatoire de regret de la Cour de Versailles.
Si chacun conserve en son coeur l’idée de ce qu’était la France d’antan, mais en même temps s’inscrit dans l’avenir, les adversaires de la Monarchie n’auront ainsi plus d’argument raisonné pour nous qualifier de passéistes, terme hélas trop souvent entendu dans les débats contradictoires.
Notre troisième combat, peut-être le plus important, est de nous démarquer définitivement de tout essai de récupération par des extrêmes quels qu’ils soient, et de s’affirmer comme une réalité indépendante, comme le Roi le serait de fait, une image de rassemblement au dessus des partis.
Prendre ses distances, c’est affirmer son autonomie; faire venir à soi des personnes de tous les horizons politiques n’est pas adhérer à des parties de programme ou d’idées; développer l’idée de la Monarchie en France est à notre portée, et la hauteur d’esprit qui caractérise notre démarche nous permettra, si nous nous inscrivons dans une ligne sans détours et sans compromis, de rallier à notre cause les millions de sympathisants anonymes, sans doute effrayés par l’image négative que l’on donne des monarchistes dans les médias.

Restaurer la Monarchie en France nous impose donc de ne pas raisonner en républicain. Ainsi, l’Alliance Royale représente un espoir, un nouveau chantier de reconstruction où chaque artisan, fidèle à ses convictions, pourra se glorifier d’avoir participé à l’oeuvre, chaque musicien à sa place pour un avenir le plus harmonieux possible.

Dominique Lelys

D.L