LA RÉPUBLIQUE OU L’ÉLÈVE FANTASMÉ

la république ou l'élève fantasméL’école de la République a pour ambition d’apporter le savoir, la liberté et la réussite à des générations entières. Elle se veut généreuse et égalitaire car elle est gratuite. En outre, elle a le mérite de fournir du travail à des milliers de fonctionnaires. Sur le papier, elle n’est pas loin d’être séduisante. Et pourtant, l’élève pour lequel elle est conçue n’existe pas ! Cet élève, c’est l’élève des Lumières et de la Révolution Française, cet être purement conceptuel, imaginaire qui n’a de réalité que dans la tête des idéologues de l’oligarchie au pouvoir.

Quel est cet élève ?

L’élève de la République est d’un désintéressement absolu, il travaille spontanément et par conséquent il n’a nul besoin d’examen pour s’évaluer, se motiver et se fixer des objectifs. Pour cette raison, l’épreuve d’entrée en sixième a été éliminée, le brevet sera bientôt supprimé, le baccalauréat n’est déjà plus qu’une formalité, et le redoublement est interdit.

L’élève de la République, c’est cet élève qui ne concevrait pas de bénéficier de l’aide de ses parents car, il sait, d’une part, que certains de ses camarades grandissent dans un contexte défavorisé, et a, d’autre part, une idée très précise du concept d’égalité des chances. C’est pourquoi il comprend tout à fait que les devoirs à la maison soient bannis et préfère s’en remettre totalement à l’institution généreuse qu’est l’école républicaine.

L’élève de la République, c’est cet élève qui présente si bien les mêmes aspirations, les mêmes centres d’intérêt, les mêmes goûts, les mêmes capacités de travail que tous ses amis, que l’on a créé pour lui, le collège unique, de sorte qu’il puisse, comme tous les copains de sa génération, bénéficier des mêmes cours, des mêmes programmes, des mêmes méthodes, des mêmes horaires.

L’élève de la République, c’est cet élève naturellement bon, mais qui, prisonnier des idées passéistes, rétrogrades et conservatrices de ses parents, et corrompu par la société, aspire à être émancipé des carcans intellectuels où il se trouve enfermé, de ses aliénations mentales, affranchi des déterminismes familial, social, intellectuel, religieux, de sorte qu’il puisse enfin être libre de choisir son propre destin.

L’élève de la République, c’est cet élève qui, mal avisé, pourrait être tenté d’apprécier l’héritage reçu de ses pères, d’aimer son histoire, ses héros, ses Rois, ses cathédrales, ses victoires, ses grandes épopées, si bien qu’il pourrait, s’il n’y prenait garde, ressentir quelque fierté de vivre en France, un pays que, croit-il, le monde entier admirait. Mais ce sentiment très pervers – qui conduit à la xénophobie, au racisme, à l’antisémitisme, à l’islamophobie – est combattu par l’école de la République qui, pour son bien, se charge de lui résumer la réalité de son histoire en quelques mots : la tyrannie arbitraire des rois, les croisades, l’inquisition, l’esclavage, et l’exploitation des colonies.

L’élève de la Révolution, c’est cet élève pour qui les valeurs de la République suffisent à combler sa soif naturelle d’absolu, d’idéal et de spiritualité. Ces valeurs sont transmises et inculquées grâce à des rites républicains qui doivent satisfaire le désir de l’enfant de s’inscrire dans une tradition dont il puisse être fier. L’école contribue à lui apprendre le vivre ensemble, la laïcité, les bienfaits de la Révolution Française et du suffrage universel, ainsi que les bénéfices de la diversité culturelle.

L’élève de la République apprend à ne pas voir dans des dessins obscènes des journaux satiriques des insultes, mais plutôt l’exercice ultime de la liberté d’expression, valeur essentielle de son pays. Elle lui apprend aussi le fait religieux, c’est-à-dire qu’il existe des religions ou plutôt des superstitions et que l’état, parce qu’il est tolérant, s’efforce de les considérer toutes sur un pied d’égalité : l’hindouisme, le bouddhisme, l’islam, les sikhs, les chrétiens…

L’élève de la République, c’est cet élève qui n’aspire pas tant à acquérir des connaissances et à relever des défis intellectuels qu’à devenir Citoyen. C’est pourquoi, très vite, l’école lui apprend à voter pour ses délégués qui pourront siéger aux côtés des professeurs, à défendre ses droits contre les adultes afin qu’ils soient conformes à la charte des droits de l’enfant, à exercer des responsabilités au plus tôt en l’invitant aux conseils d’administration et conseils de classe, à s’exprimer en vie de classe afin de pourvoir critiquer librement ses professeurs, à pratiquer une sexualité responsable en apprenant à utiliser correctement un préservatif, à prendre possession de son corps en prenant la pilule, à trouver son identité en apprenant à découvrir son genre.

Oui, l’élève de la République, héritier des Lumières et de la Révolution, est formidable, mais encore une fois, il n’existe pas. Pire, il n’existera jamais ! C’est la raison pour laquelle, au terme de plus de 140 ans d’école républicaine, tous les efforts de l’état produisent des effets opposés ! C’est pourquoi le bilan est contraire à celui attendu : les inégalités n’ont jamais été aussi grandes, le niveau scolaire aussi bas, les violences aussi fréquentes, le taux de suicide aussi haut, le nombre d’avortements chez les jeunes, aussi important. Les professeurs sont terriblement déprimés et le métier ne recrute plus.

Oui, la République a du mal avec la réalité, elle lui préfère sa propre idéologie faite de mythes et fables.

La réalité n’est pourtant pas bien mystérieuse.

L’élève, le vrai, est confié par ses parents à l’école maternelle, primaire et secondaire dans le but essentiel d’acquérir des connaissances objectives et des savoirs solides. Ces connaissances et savoirs, pour être légitimes, doivent avoir résisté à l’épreuve du temps. Aussi, l’élève réel apprécie d’évoluer dans un cadre dépolitisé dans lequel les débats de société et les discordes partisanes ne viennent pas troubler la tranquillité de l’apprentissage ; c’est pourquoi, il est bon que l’école ne soit pas un moyen de propagande politique. Cet objectif impose de rompre autant que possible les liens organiques qui existent entre la classe politique au pouvoir et l’école.

L’élève réel, surtout s’il ne peut compter sur sa famille pour l’aider, apprécie de grandir dans un milieu protecteur qui lui garantisse paix et sécurité. Tels sont les buts de la discipline scolaire et de l’autorité des adultes qui doivent user avec justesse des encouragements et des sanctions. Ce cadre permet aux élèves de grandir sans avoir à souffrir de violences infiniment plus grandes que génère le laxisme des adultes.

L’élève réel grandit avec d’autant plus de confiance qu’il est fier de sa famille, de ses parents et de son pays. Quel que soit son parcours, quels que soient les choix de vie qu’il fera plus tard, il est bon que l’école ne critique pas sans arrêt l’héritage de la civilisation dans laquelle il vit, mais au contraire qu’elle en souligne sa grandeur et ses bienfaits, afin qu’en aimant sa patrie, il souhaite l’améliorer et la servir encore.

L’élève réel est ordinairement heureux dans son foyer et apprécie naturellement l’aide de ses parents. Ainsi, comme aucune idéologie politique au monde n’a pu concevoir mieux qu’une famille pour élever les enfants, il est contre-productif pour l’école de prétendre s’y substituer. La famille est le lieu par excellence d’apprentissage de la solidarité, de la sociabilité, du travail, de la discipline, de l’intelligence, de la sagesse, etc. Il est bon pour l’élève que l’État responsabilise et encourage l’investissement et la stabilité des familles.

L’élève réel n’apprécie pas de se faire humilier par la présence d’élèves bien meilleurs que lui, de même qu’il supporte mal de perdre son temps à cause d’élèves en difficultés. En revanche, il se sent bien quand l’enseignement est adapté à son niveau, à ses capacités, et à ses aspirations. Il faut donc que l’offre scolaire soit multiple et variée et par conséquent, encourager la création de nombreuses écoles ayant beaucoup d’autonomie afin qu’elles puissent proposer des cadres adaptés, des pédagogies variées et efficaces.

L’élève réel trouve également une bonne part de sa motivation dans la satisfaction de son père et sa mère, et ce, pendant de nombreuses années avant d’acquérir, en mûrissant, sa propre motivation. Aussi, les notes et les examens sont pour lui un motif de fierté aussi bien qu’un objectif légitime. De même, il est sensible aux encouragements de ses professeurs et apprécie de pouvoir s’évaluer et se comparer à ceux de sa classe.

L’élève réel n’étant pas encore un adulte, a encore beaucoup à apprendre et expérimenter avant de pouvoir comprendre le monde et porter des jugements complets dont il peut répondre. Aussi, loin de toute démagogie, la présence de l’élève n’est pertinente ni à la rédaction du règlement intérieur, ni au conseil de classe, ni au conseil d’administration, ni au conseil municipal. Il y a un temps pour apprendre et un temps pour comprendre.

L’élève réel gagne à comprendre ce qu’est la vertu, la fidélité et l’engagement à travers la connaissance de son histoire, la vie de grands personnages ou l’étude de héros romanesques auxquels il peut s’identifier. Cela le rendra durablement plus heureux et plus responsable que le fait de lui enseigner des pratiques sexuelles précoces.

L’élève réel a naturellement soif de repères, de valeurs et d’absolu, aussi, il est bon qu’il existe des écoles libres et de toutes confessions pour que l’instruction qui y est prodiguée ne vienne pas saper ses aspirations par des enseignements nihilistes ou matérialistes.

L’élève réel, c’est cet enfant qui sera d’autant plus respecté et estimé qu’il apprendra le bon usage de la liberté d’expression : celui qui consiste à ne pas insulter, injurier et mentir, mais au contraire à dire la vérité avec bienveillance, courtoisie et respect.

L’Alliance Royale appelle de ses vœux le retour du réel, d’un pragmatisme politique dans la tradition Capétienne, où, dans l’ordre de la subsidiarité, la famille tient la première place, où, sans chercher à la remplacer, sans tenter d’y imposer sa morale laïciste, égalitariste et libertaire, l’école vient instruire.

Vive l’école ! Vive le Roi !
Gaël C.