Le principe du cliquet

L'effet cliquetD’où nous vient ce sentiment que nous sommes devenus étrangers à notre propre pays, que quelque chose nous échappe, que nous ne comprenons plus la rapidité vertigineuse de notre société post-moderne ?

Yves-Marie Adeline dans son ouvrage « La droite piégée » nous donne des éléments de réponse en décrivant brillamment  « l’effet du cliquet ».

Premier élément à observer : le système politique républicain est taillé aux mesures de la gauche et non de la droite ; quand la droite est au pouvoir le système qu’elle occupe reste toujours un système de gauche. C’est pourquoi la droite est un éternel otage

Les manuels scolaires nous enseignent que la Révolution française a commencé en 1789 et s’est achevée en 1799. Voilà une lecture bien superficielle des choses. Si on considère que 1799 marque la fin des violences révolutionnaires, pourquoi pas ? Mais l’œuvre de la révolution continue car la révolution n’est pas que désordre et chaos ; ce désordre existe d’abord mais il cède la place ensuite à un plan mûrement réfléchi, qui marque l’accomplissement d’une vision émancipatrice annoncée par les soi-disantes Lumières. Et ce plan ne peut progresser que par le principe du cliquet. Ce phénomène du cliquet permet de passer d’un cran à un autre selon un processus non-rétrogradable. La gauche poursuit sa révolution depuis 1789 jusqu’à aujourd’hui et la droite la subit en toute complicité tout simplement parce que notre système politique républicain a été conçu dès l’origine par la gauche. La droite d’ailleurs appelée au pouvoir pour ses qualités de gestion n’y sera jamais que locataire ; c’est la gauche qui en est la propriétaire naturelle.

Deuxième élément : la gauche a un besoin vital de ce que l’on appelle  l’alternance c’est-à-dire le passage du pouvoir alternativement à droite puis à gauche. Pourquoi ? Tout simplement parce que la gauche a régulièrement besoin de reprendre son souffle, d’une remise en ordre. Ainsi la droite donne une cohérence à l’aventure de la gauche et s’en fait la complice consentante.

Ainsi la stratégie révolutionnaire, pétrie de dialectique,  alterne successivement entre l’avancée sociale,  l’attaque sociétale et le faux repli « conservateur » afin de consolider ses conquêtes. Ainsi par exemple : Napoléon qui a stabilisé et parachevé les acquis révolutionnaires

Il suffit  pour s’en pénétrer de regarder les derniers développements de l’actualité à propos du mariage de deux personnes du même sexe. Il est évident qu’aucun parti républicain ne reviendra sur la loi Taubira puisque le mécanisme est implacable. L’effet de cliquet joue à fond : la droite ne peut que valider sauf à sortir du système, c’est-à-dire de la matrice républicaine.

Impossible d’échapper au sortilège du principe du cliquet !

Mettre fin à ce sortilège,  c’est choisir la monarchie !