Limiter la pauvreté sans limiter la richesse (Victor Hugo) ?

C’est bien connu, les Français connaissent peu les mécanismes financiers. Cette ignorance leur donne des complexes vis-à-vis de l’argent et les conduit, dans une très grande naïveté, à adhérer aux discours les plus démagogiques, simplistes et populistes. Ceux qui parlent le mieux de la pauvreté et du travail, sont ceux qui les connaissent le moins ; il est alarmant de traiter de sujets aussi sensibles avec une passion qui se substitue au sérieux et au pragmatisme.

Dès lors qu’un futur chef d’État déclare ne pas aimer les riches et que l’un de ses thuriféraires, chargé de dynamiser l’entreprise, déteste les patrons au point de le proclamer publiquement, le pari de corriger cette situation devient improbable. Pourtant notre économie ne pourra pas survivre sans ces mal-aimés qui travaillent jusqu’à gagner plusieurs milliers d’euros chaque mois, pour payer toujours plus de nouveaux impôts, imaginés dans un grand cynisme fiscal et votés démocratiquement par ceux qui en sont exempts.

Pour que le désir d’accumuler une richesse de façon proportionnelle au travail, à l’effort, au mérite ou à la compétence, ne soit plus tabou, ni coupable ou suspect, mais au contraire reconnu et encouragé, il est indispensable d’accompagner le cursus d’un élu, d’un lycéen ou d’un étudiant de premier cycle par l’enseignement des notions financières de base. L’effet recherché est de faire évoluer les mentalités, de dédiaboliser la finance qui sert l’économie, de déculpabiliser ceux qui prennent le risque d’entreprendre et de montrer que punir les uns par idéologie ne résout pas le problème des autres.

Combattre la richesse au nom du dogme égalitaire conduit à l’uniformité, mais dans la pauvreté ; c’est donc se tromper d’adversaire. Nous rêvons tous d’un monde plus juste et la redistribution des richesses contribue à cet objectif, mais l’excès idéologique conduit à des effets antinomiques : il ne s’agit que d’une partie de la solution, dont il ne faut user que dans la limite où elle n’entrave pas l’initiative et ne sanctionne pas le talent. Il n’en reste pas moins vrai que les richesses très largement disproportionnées et déconnectées du talent posent aussi des difficultés d’un point de vue éthique.

Selon Confucius, « sous un bon gouvernement la pauvreté est une honte ; sous un mauvais gouvernement, la richesse est aussi une honte. »

Philippe Nourrisson

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