Le monde à l’envers ou l’humanité trahie

1004948-Saint_Louis_lavant_les_pieds_des_pauvresAu commencement, l’homme et la femme eurent faim.

Lequel des deux, le premier, tendit la main pour cueillir le fruit de l’arbre ? Peu importe, l’Homme serait paysan ! De la cueillette à la culture, il sut franchir le pas et se nourrir des légumes et des fruits que la terre pouvait lui donner. Il façonna les paysages.

Ingénieux, il imagina des outils qui pourraient lui permettre de mieux cultiver, ou d’autres qui pourraient lui permettre de chasser cette autre richesse naturelle : le gibier. Façonnant ses outils, sans cesse améliorés, par l’oeuvre de son esprit et de ses mains, il devint ouvrier.

Paysan et ouvrier : voici la plus belle, la plus ancienne et la plus nécessaire condition de l’Homme.

Vint la nécessité de protéger les biens et les personnes, et l’apparition des guerriers et stratèges. Détachés des contingences matérielles, détenteurs de la force, garants de la Justice, paysans et ouvriers s’en remirent à eux.

L’augmentation du nombre d’habitants de la Terre obligea ceux-ci à se doter d’une monnaie, permettant de faciliter les échanges. Encore la valeur des métaux utilisés représentait-elle l’équivalent de celle des marchandises échangées.

Par la suite, le métier de “changeur” parvint à substituer une partie de la valeur réelle des métaux fiduciaires par une notion de “confiance”, bien que celle-ci soit parfois mise à mal par certaines expériences dégénérant en banqueroutes.

Rien n’empêche cependant la marche en avant d’un système qui, désormais, permet de payer des marchandises par une simple écriture. Celle-ci ne figure même plus sur un document de papier mais, virtuelle, elle est dispersée sur la Toile. Les financiers, qui ont déjà limité le montant des paiements en espèces, souhaitent à présent l’interdire définitivement.

Car, non seulement le système financier a remplacé toute valeur réelle par une valeur fictive, mais il est parvenu à imposer sa propre Loi. La confiance originelle, devenue norme induite, n’est plus remise en question et ne pourrait plus l’être qu’au prix d’une gigantesque explosion.

Désormais, le pouvoir est financier. Il a fait disparaître les monarchies, protectrices des peuples, afin de laisser le champ à un libéralisme sans limites.

Que sont devenus notre paysan et notre ouvrier ?

Tout se passe comme si, de créateurs de richesse, ils étaient à leur tour devenus marchandises. Que le bon vouloir du financier distingue des conditions sociales, économiques, politiques ou géographiques plus favorables ici que là, et c’est toute une économie locale qui est mise à mal, en faveur – toute provisoire – d’une autre.

Il n’est plus nécessaire de brandir le fouet ni d’ériger l’échafaud : paysan et ouvrier, et avec eux toute la société créatrice de richesse, sont devenus esclaves de ceux qui détiennent le pouvoir des échanges bancaires !

Voilà pourquoi, alors que le paysan a façonné nos pays, que l’ouvrier a réalisé l’oeuvre de l’Humanité, ils sont désormais méprisés par le système et, pour prévenir tout retour en arrière, les frontières des pays eux-mêmes sont attaquées, au nom d’une indispensable Mondialisation.

En effet, alors que la mondialisation des échanges est déjà une réalité, la disparition des frontières entre Etats mettrait un terme au pouvoir des peuples à décider pour eux-mêmes, pouvoir déjà proche de l’illusion puisque Sa Majesté Financière, comme dirait Brassens, fait croire à l’opinion que nous vivons en démocratie, alors que c’est bien par voie de Presse, appartenant aux groupes financiers, que nous sommes invités à élire tel ou tel candidat; mais à le choisir, certes non !

L’humanité est trahie.

Son sort est aux antipodes du projet initial de la Création : faire vivre sur notre planète une créature supérieure, douée de conscience, capable de développer une ou des civilisations visant au bonheur des peuples, vivant grâce à la Nature tour en la respectant. Aujourd’hui, le pouvoir est entre les mains d’une minorité, à l’organisation protéïforme, sans frontières, insaisissable.

Le paysan et l’ouvrier n’ont désormais plus que le choix : soit d’abandonner le combat et d’accepter leur esclavage, soit de se révolter et de détruire le système par la violence, soit de porter au Pouvoir des chefs, choisis pour leur fidélité à l’Histoire, leur conscience que l’Homme ne peut avancer sans une morale transcendante, à l’intérieur de frontières déterminant des territoires “à taille humaine”, travaillant au développement d’une civilisation tournée vers l’échange, mais qui remettra l’Homme au centre de tout.

Cette troisième et dernière solution ne peut être que monarchique. Depuis la Révolution française, et la chute successive des monarchies occidentales, le personnel politique s’est mis au service de la finance mondiale.

Désormais, l’opinion est devenue consciente de l’impuissance des dirigeants, mais, certes, n’a pas encore compris que le retour de sa liberté passera par un retour au modèle de Pouvoir qui a créé notre civilisation : la Monarchie.

Christophe Paillard, délégué pour la région Île-de-France