NIHILISME CONTEMPORAIN: LA MORT DU SENTIMENT

Notre monde est déconcertant.

L’Histoire de l’humanité avait pourtant, malgré d’obscurs soubresauts, laissé entendre que nous arriverions progressivement à une ère de sagesse, les oracles annonçant même que la terre promise par les adeptes de l’ère du Verseau réconcilierait les peuples de manière définitive. Cependant, tous les indicateurs nous montrent que l’application sociale de cet optimisme béat nous conduit progressivement à la négation de l’essence même de notre humanité.

On ne refera pas l’Histoire, et surtout pas celle de la Révolution française qui devait, selon ses auteurs, apporter le bonheur au peuple, même si ce même peuple devait payer sa liberté au poids de l’oppression et du sang de victimes innocentes. Et nous voici donc, dignes héritiers de ce “progrès” social, abordant le nouveau siècle entre optimisme et désenchantement. Optimisme, puisqu’une oligarchie masquée promet l’avènement d’un homme meilleur, humaniste, augmenté, omnipotent, faisant allègrement table rase d’un passé travesti pour la circonstance ; et en même temps désenchantement, car les promesses ontologiques ne se révèlent pas à la hauteur d’une réalité de plus en plus criante.

En effet, le nouveau système, la République (pour ne pas la nommer), fort de cette progressive négation du sentiment spirituel, des lois naturelles et des traditions, proclamant l’homme maître de son destin et se prenant pour Dieu lui-même, rencontre une réelle opposition de la part d’hommes éclairés par le bon sens, attachés aux valeurs fondamentales qui ont construit notre humanité : amour de son prochain, protection du plus faible, respect de la nature (passant évidemment par le respect de soi-même) et considération de sa propre histoire. Dès lors, la notion de fraternité s’avère frelatée et dépourvue de sens : au lieu de se baser sur des principes universels ayant pour but ultime le bien commun, les lois s’écrivent pour des minorités, et ce, à des fins purement électoralistes ; ainsi, les clivages et dissensions qui en découlent entérinent les fractures qui semblent, au fur et à mesure que le processus s’accélère, absolument irréconciliables. La liberté apparente qui découle de la satisfaction égoïste et partisane émanant de ces lois se traduit ainsi par la négation de celle des opposants à la marche de ce processus, marquant de plus, par la création inévitable d’un nouveau lumpenproletariat au service du libéralisme mondial, des inégalités qui ne se résoudront, hélas, que par une violence sans précédent. Les acteurs du “progrès” ont depuis longtemps clairement conscience de l’opposition qui leur est faite. C’est la raison pour laquelle, non contents d’être iconoclastes, ces grands humanistes ôtent progressivement la parole aux contestataires, et proposent même d’inscrire dans les textes la pénalisation des voix discordantes.

L’ouvrage de Robert Redeker “ L’Éclipse de la mort” démontre à cet effet que notre société moderne cherche, pour arriver à ses fins, à profaner l’idée première de fraternité en cherchant à éradiquer notre civilisation en ce qu’elle a pu établir de traditionnel tout au long de notre Histoire. Cela va même jusqu’à nier les traces de leur existence : révisionnisme historique, effacement des mémoires, déboulonnage de statues, contestation de notre civilisation, jusqu’à porter atteinte à l’intégrité des personnes, parfois au-delà de la mort, comme décrit dans le livre de Paul-Laurent Assoun “Tuer le mort” qui relate l’exhumation des corps de nos Rois en 1793, ou des religieux lors de la guerre d’Espagne. Dans cette continuité nihiliste et macabre, “l’homme nouveau” sera le maître incontesté des consciences, des vies, du bien-naître au savoir-mourir, dès lors que l’on vient au monde par choix et que l’on accepte de disparaître, au crépuscule de notre faiblesse.

Dès lors, quel sera le rôle essentiel des hommes de bonne volonté qui, par un sentiment justifié d’horreur et de révolte devant le monde effrayant que l’on nous propose, voudront s’y opposer ? L’idée simple de restaurer la Royauté, principe millénaire basé sur des lois fondamentales et naturelles, est pour nous une clé majeure de cette opposition. Elle s’inscrit comme une voix d’humanité et de prise de conscience, liée à l’espérance qu’une alternative est possible. Elle passe par l’éclairage des consciences, le retour à l’éducation, la responsabilisation des individus, dans un autre schéma qui rassemble les hommes autour de la notion d’un bien commun, gage d’élévation sociale et spirituelle, et clé incontestable de la sauvegarde de notre avenir.

Dominique LELYS