Poème révolutionnaire, par Pierre d’Angles (publié originellement en 1989)

  • Je ne fêterai pas votre révolution.
    On ne célèbre pas le vol, le viol, le crime.
    Mais je prendrai le deuil de vos pauvres victimes.

    Elles seules ont droit à ma vénération.

    Je ne fêterai pas l’espérance trahie
    Du peuple demandant l’arbitrage royal
    Jusqu’alors rendu juste, équitable et loyal

    Mais au nom d’une foi par votre orgueil haïe.

    Je ne célèbrerai pas votre intolérance.
    Ni vos sacrilèges, ni vos profanations.
    Ni les grands mots ronflants de vos proclamations

    Prônant la liberté dont vous priviez la France.

    Je ne fêterai pas l’infâme Cordelier
    Faisant assassiner, par sa triste colonne,
    En l’Eglise du Luc, près de six cents personnes

    Dont cent cinquante enfants réunis pour prier.

    On ne pardonne pas les Oradours-sur-Glane
    Et vous seriez fondés d’en tarer les nationaux-socialistes
    Si vous n’aviez, chez nous, fait pire aussi

    Vous êtes précurseurs, Messieurs, et non profanes.

    Quand vous jetiez aux fours, par vous chauffés à blanc,
    Les mères, les enfants, les vieillards, les mystiques,
    Vous disiez faire le pain de la République…

    Mais Amey, mieux qu’Hitler, les y jetait vivants !

    Car c’est bien cet Amey, de sinistre mémoire,
    L’un de vos généraux prétendu glorieux,
    Qui fut l’instigateur de ce supplice odieux…

    Vous avez, aussi vous, eu vos fours crématoires.

    Et Turreau trouvait tant de plaisir à ces jeux
    Qu’il faisait ajouter, quand manquaient les dévotes,
    Et malgré tous leurs cris, les femmes patriotes…

    Votre fraternité les unissait au feu.

    Je ne fêterai pas vos tanneries humaines
    dont votre chirurgien, Pecquel fut l’écorcheur
    Ni son ami Langlois, de MEUDON, le Tanneur
    Ni votre grand saint just disant qu’en ce domaine
    « peau d’homme vaut bien mieux que celle du Chamois»

    Que celle de la femme plus souple et plus fine…»

    Vous étiez sans culottes, alors ça se devine

    vous vous en fîtes faire en peau de villageois

    Aujourd’hui, nous pouvons vous juger à vos faits.
    Votre révolution a incendié notre terre.
    Elle a porté, partout, la misère et la guerre, quand le monde

    à jamais plus désiré la paix….

    Je ne veux pas fêter votre révolution
    On ne célèbre pas le vol, le viol, le crime.
    Je porterai le deuil de toutes ses victimes.
    Elle seules ont droit à ma vénération.

    Pierre d’Angles