République et exemplarité

L’exemplarité de la République est un oxymore au même titre que la violente douceur d’un nervi du régime dont les actes sont élevés en affaire d’été par les médias et les politiques.

Le chef de l’État en exercice, lorsqu’il était « chenille », a pris de nombreux engagements. Celui qui paraissait le plus anodin sera vraisemblablement le plus difficile à tenir. Rendre exemplaire, dans le temps d’une législature, une République qui ne l’a jamais été pendant plus de deux siècles, relève de la gageure, alors qu’il ne se passe pas une semaine sans qu’un élu ou un grand serviteur ne s’illustre par des propos incongrus, des dépenses somptuaires, des pratiques ou combines douteuses, des comportements équivoques, des manquements à ses devoirs. En limitant nos exigences à ce qui est correct plutôt qu’à ce qui est parfait, on réduira ainsi nos risques de déception.

Si l’action du gouvernement doit être appréciée sur sa transparence, son exemplarité et son aisance pour assurer le contrôle des tribulations d’un tonton macoute qui a échappé à sa hiérarchie, alors effectivement il existe encore une grande marge de progression. D’un autre côté, si c’est l’unique sujet de réflexion de nos élites et de nos parlementaires, alors c’est qu’il n’y a plus rien à inventer et donc que la France va bien !

Sinon notre économie est trop faible pour créer de l’emploi, nos forces de l’ordre sont humiliées au quotidien, par notre barbouze national peut-être, mais certainement par des hordes sauvages de black-blocs, notre Justice lutte pour une indépendance qu’elle a au détriment d’une neutralité politique qu’elle devrait avoir, les déficits se creusent aussi rapidement que les inégalités et, le tout, dans l’indifférence de ceux qui n’ont pu accéder au pouvoir par les urnes ou par la rue.

L’exemplarité n’est pas l’apanage de ceux qui nous dirigent, ni de ceux qui souhaiteraient nous diriger. Ce n’est donc pas une vertu cardinale de la République. Si on ne peut pas refaire les hommes, on peut toujours changer de système !

Philippe Nourrisson