Un costume taillé trop grand

Lundi dernier, quand il ouvre le Congrès de Versailles, grave, l’air martial, François Hollande, ce René Coty au petit pied, joue la carte sécuritaire parce qu’il veut être là où on ne l’attendait pas.

francois-hollande-arrive-a-versailles-pour-un-discours-face-au-congres-le-16-novembre-2015_5464406Lundi dernier, quand il ouvre le Congrès de Versailles, grave, l’air martial, François Hollande, ce René Coty au petit pied, joue la carte sécuritaire parce qu’il veut être là où on ne l’attendait pas. La manœuvre politique n’est pas loin et elle vise à piéger l’opposition et, derrière elle, son prédécesseur, lequel avait d’ailleurs usé de la même pompe versaillaise en 2009.

Cet apparat lui donne, en outre, l’occasion de surjouer la posture souveraine qu’il endosse comme un manteau d’hermine sur un Apéricube.

Le principe d’indépendance politique que la Ve République attribue au chef de l’État donne, il est vrai, à celui-ci une stature quasi monarchique. Mais le costume est taillé trop grand pour lui. En effet, loin d’être au-dessus des mêlées, lui-même issu d’une faction à laquelle il doit son élection et sans laquelle il ne peut exercer le pouvoir, il est incapable d’avoir une vision à long terme, incapable d’arbitrer les conflits, incapable de créer autour de lui l’unité et l’élan nécessaires, incapable d’éviter que le jeu politique ne soit la proie de minorités agissantes et d’intérêts particuliers. Voulant échapper au parlementarisme de la IVe République, où le Président n’était qu’un figurant, la Ve République n’a finalement rien résolu. Et depuis M. Sarkozy, le chef de l’État, devenu super-Premier ministre, ne dispose même plus du recul nécessaire pour exercer sa charge.

Ce qu’il manque au chef de l’État, c’est la hauteur de vue : or, il est juste en mode action/réaction, à la remorque d’une tragédie qui le dépasse.

Car, au fond, cet habile tacticien ne pense qu’à donner une dimension nationale aux prochaines élections régionales ; voilà sa seule stratégie.

Ainsi, le président de la République organise une esthétique de dimension royale ; mieux : une dramaturgie qui ne trompe personne. Il cherche à se donner une stature en assumant une fonction purement régalienne. Ira-t-il jusqu’à vouloir guérir les écrouelles ?