Vis et vertu

La vertu politique selon Montesquieu, telle que l’on peut l’interpréter, signifie respect et dévouement à la collectivité, amour des lois et de la patrie, imposant de privilégier l’intérêt public sans se soucier des siens. Les français ont pris conscience que leurs gouvernants et leur représentants ne sont pas tous des parangons de vertu, et si il ne faut pas faire des généralités, les moutons noirs sont suffisamment nombreux pour cela jette un discrédit sur toute la classe politique.

La moralisation de la vie publique, votée par le sénat après avoir été sensiblement durcie, présente un ensemble de dispositions dont certaines visent l’exemplarité, et d’autres à contrôler des avantages en numéraire attribués actuellement sans contrepartie ni justificatifs.

Le projet présenté à l’assemblée nationale recueille moins d’enthousiasme. Outre le rejet du casier judiciaire pour des motifs plus ou moins convaincants, des élus appellent tour de vis, ce que leurs électeurs estiment être le prix de la vertu. La réticence de certains députés, et en particulier de ceux qui s’étouffent, rien qu’à l’image qu’ils se font d’être amenés à se restaurer rapidement à côté du petit peuple de France, peut conduire à des effets désastreux, surtout quand c’est ce même peuple qui offre le repas.

Ce n’est pas en mordant la main qui nourrit, ou en affichant une certaine forme de suffisance et de mépris, que nos élus au train de vie dispendieux, rétabliront le lien de confiance indispensable à toute vie démocratique, mais par leur présence à l’assemblée et leur travail continu pour l’intérêt collectif, dans l’esprit de la vertu politique.

Philippe Nourrisson