Le grand déclassement

Editorial du 27/1/2021

On se souvient du « quoi qu’il en coûte » répété à maintes reprises par Emmanuel Macron lors de l’annonce du premier confinement. Or, ce « quoi qu’il en coûte » commence sérieusement à peser sur les finances de l’État et sur l’avenir de la France. L’idée, généreuse, était d’aider les secteurs fermés par décision étatique, à prendre en charge les salaires des travailleurs, de pallier le manque d’activités dû au confinement, aux restrictions, au couvre-feu, etc. L’idée a cependant atteint ses limites. Un mois de confinement coût 15 milliards. Et, alors qu’on espérait un équilibre des caisses de retraites en 2027, les déficits s’aggravent. Celui de la Sécurité sociale est de 45 à 50 milliards, celui de l’État passe de 93 à 178,2 milliards. Rien que pour faire face à l’épidémie, l’État a dépensé 44,1 milliards. Selon Olivier Dussopt, ministre des comptes publics, la politique du « quoi qu’il en coûte » doit s’arrêter en 2021. Nous voilà prévenus.

Les déficits, les secteurs à l’arrêt, l’endettement, le chômage, les dégâts collatéraux (dépressions, étudiants sacrifiés, savoir-faire perdu…) vont conduire la France vers le grand déclassement qui a d’ailleurs déjà commencé. En 1992, la France était le 4e pays le plus riche (classement par PIB, Banque Mondiale), en 2008 nous étions 6e. Nous serons 10e en 2024 (La Chine, les États-Unis et l’Inde sont sur le podium).

Il faudra bien payer les créances, rembourser. Des secteurs entiers vont être sacrifiés comme la restauration où l’on évalue à 20 % le nombre d’établissements qui pourraient disparaître. Et l’on ne parle jamais de la perte de compétences des salariés en chômage forcé depuis des mois. La culture (la France, « mère des arts ») est sacrifiée aussi. Théâtres et salles de spectacle fermés, artistes en attente ou en reconversion… Ces secteurs se relèveront-ils ? Le tourisme aussi où une reprise n’est pas attendue avant plusieurs années (2024 pour un retour à la normale dans le transport aérien, donc la circulation des touristes). Or, la consommation touristique représentait en 2017 168 milliards (7,25 % du PIB selon entreprises.gouv.fr). La France meurt petit à petit. On sait, avec la Grèce, ce qui peut se passer dans un pays surendetté : baisse des salaires de 38 %, des retraites de 45 %, des revenus des ménages de 30 %, hausse de la pauvreté de 98 %… Hier la Grèce, demain la France ? Certains, comme Benoît Hamon, proposent l’instauration d’un revenu universel (700 € par mois), sorte d’assistanat généralisé pour lutter contre la pauvreté. Est-ce vraiment l’avenir rêvé ?

On risque bien de voir des Français en situation de plus en plus difficile, tant économiquement que psychologiquement, incapables de réellement se relever de la crise dont l’impact aura été trop violent. Il ne faut pas compter sur les dirigeants actuels pour trouver des solutions aux problèmes. Ils sont responsables des problèmes. Il est temps de changer le Système. Le roi, indépendant, arbitre soucieux du bien commun, représente l’espoir si nous ne voulons pas sombrer totalement dans le grand déclassement.

Régis Arnaud